Suite à notre article précédent, voici une série de précisions utiles, en préparation de la discussion de ce mardi 26 mai en conseil communal.

Contexte

La production nucléaire d’électricité possède de nombreux avantages mais souffre d’un défaut majeur : l’existence de déchets nucléaires. Le Forum nucléaire belge –organe du lobby nucléaire- a toujours présenté cette vérité comme un problème mineur  : « cela représente un dé à coudre de déchets par belge et par an… ». Il se fait néanmoins qu’aucun belge ne souhaite conserver le dé à coudre qui lui revient sur sa table de nuit.

Il nous faut donc trouver des solutions collectives pour gérer les milliers de tonnes de déchets passés, présents et à venir tant que nos centrales sont en activité.

La consultation de l’ONDRAF vise à officialiser le choix, vraisemblablement irréversible, pour la Belgique d’enfuir nos déchets dans la grande profondeur. Plusieurs jours d’analyse du dossier, et vous êtes nombreux à l’avoir fait aussi, permettent de poser les constats suivants :

  • La consultation ne vise aucun site spécifique à ce stade, mais évoque les zones de notre territoire qui pourraient convenir pour l’enfouissement ;
  • Court-Saint-Etienne n’est pas nommément citée dans le document de l’ONDRAF, seule une mention « La Roche » y figure (p. 37). Le doute est permis quant à savoir s’il s’agit de notre hameau de La Roche ou La Roche en Ardennes, les deux possédant des schistes ardoisiers pouvant convenir à de l’enfouissement.
  • Il n’en reste pas moins que le Gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg, sur base de son analyse des documents de l’ONDRAF, a clairement pointé notre hameau de la Roche comme site potentiel : https://environnement.public.lu/fr/actualites/2020/05/incidences.html (la carte en question est accessible depuis le lien en bas de page).

Alors faut-il cesser d’en discuter à Court-Saint-Etienne ? Que du contraire !

Si la consultation en cours ne porte nullement sur le choix de lieux spécifiques mais exclusivement sur le choix de la technique d’enfouissement, le sujet reste définitivement d’intérêt communal car il s’agit d’un enjeu de société sur lequel toute la population belge ferait bien de se manifester et, pour cela, qu’elle soit informée de manière bien plus ouverte et plus transparente. En effet, si le choix de l’enfouissement est retenu et que, dans dix ou vingt ans, les déchets arrivent dans le sous-sol de Court-Saint-Etienne, Rixensart, Jodoigne ou même Namur, les risques et les aléas resteront les mêmes pour l’ensemble de la population. Il est donc important que la Commune de Court-Saint-Etienne, comme toute autre commune belge, fasse savoir à l’ONDRAF que, en l’état des connaissances actuelles et du peu d’informations que nous livrent leurs documents, il ne nous est pas possible de nous prononcer en faveur de cet enfouissement. En tant qu’autorité communale, il semble important de diffuser l’annonce de cette consultation de manière bien plus large et visible qu’elle ne l’a été jusqu’ici.

S’il n’y a pas lieu de s’inquiéter spécifiquement pour Court-Saint-Étienne aujourd’hui, il y lieu de s’inquiéter de la manière et de la méthode qui sont utilisés pour prendre une telle décision. Non seulement sa temporalité n’a pas été remise en cause alors que nous sommes en pleine phase 2 de déconfinement COVID-19, mais sa publicité fut plus que légère. De plus, celles et ceux qui ont essayé de répondre à ladite consultation, ont pu constater de nombreuses failles techniques dans le procédé utilisé : pas de vérification de l’identité du répondant, possibilité qu’une même personne réponde de nombreuses fois qu’elle soit pour ou contre le projet,…

C’est pourquoi nous proposons au conseil communal d’adopter une délibération que nous pourrions compléter au regard d’initiatives prises dans d’autres communes :

  1. Répondre à ladite consultation en marquant non pas notre désaccord ferme et définitif sur la technique proposée mais notre désaccord sur le fait de se prononcer sans avoir reçu plus d’informations pertinentes. Comme l’a demandé à plusieurs reprises l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire, l’ONDRAF devrait réviser son plan de 2010 au regard des dernières informations internationales. L’ONDRAF doit prolonger sa consultation d’au moins six mois après la fin du déconfinement total lié à la COVID-19.
  2. En tant que pouvoir local le plus proche des citoyens, la Commune se doit de les informer de l’enjeu que représente ce dossier. Il s’agit d’informer la population de l’existence de cette consultation au moyen de l’ensemble des moyens de communication dont dispose la Commune.
  3. Interpeler nos instances supérieures, du niveau provincial au niveau fédéral sur ce sujet.

Et au niveau national ?

Si chaque commune se doit de réagir, le débat doit aussi se porter au niveau national. A cet égard, les citoyens sont invités à contacter rapidement les députés fédéraux de leur arrondissement.  Le député Ecolo Samuel Cogolati re-soumettra ce jeudi 28 mai en séance plénière de la Chambre une motion demandant à l’ONDRAF de réviser ses plans. Seule la mobilisation citoyenne permettra d’éviter que les partis du Gouvernement actuel, avec l’appui de la NVA et du Vlaamse Belang fassent le gros dos et refusent d’aborder ce débat, comme ce fut malheureusement le cas la semaine dernière en commission Energie de la Chambre.