31/01/23 - Interpellation d'Ecolo au sujet de la disparition des haies

Publié le 31 janvier 2023
Rédigé par 
la Rédac Ecolo Court

Interpellation d’écolo au Conseil communal du 31 janvier 2023 au sujet de la
disparition des haies

Cette interpellation comporte trois parties et peut être ré-entendue avec les réponses dans l’enregistrement du conseil communal.

  1. Anne Chevalier

Dame nature et en particulier ses haies et ses sentiers n’ont décidément pas de chance à Court-Saint-Etienne.

Il y a quelques mois, je vous interpelais à propos des 400 m de la haie bordant le chemin de Compostelle au Val d’Eugène qui ont été rasés en une deux trois.

Pas de chance parce que cette magnifique haie n’était apparemment pas répertoriée sur les plans du lotissement. Pas de chance parce que la commune, interrogée par l’entrepreneur, se serait méprise sur la localisation de ladite haie et ne s’est donc pas opposée aux intentions du promoteur.

Et enfin pas de chance car depuis lors le chemin numéro 51 a purement et simplement disparu au bénéfice d’une voirie démesurée et n’est plus accessible aux promeneurs.

Mais décidément pas de chance non plus pour la haie du ‘chemin creux’ n°17 qui relie la rue Chapelle Cléricy à la rue du Ruchaux. Cette haie avait pourtant l’avantage d’être classée comme haie remarquable par la Région wallonne. Je dis qu’Elle l’était, parce qu’elle n’est plus. Vraiment pas de chance : la propriétaire a bien vérifié auprès des services communaux si un permis était requis pour un « recépage » mais ces services se sont trompés semble-t-il et ont assuré à la demanderesse qu’aucune autorisation ne s’imposait. La propriétaire planifie donc l’intervention et demande dans la foulée le blocage du chemin communal n°17 pour procéder d’urgence aux travaux. Et – vous me croirez ou pas –mais on a joué de malchance, puisque l’autorité en charge de la circulation sur le territoire communal a délivré sur le champ l’autorisation de fermer le chemin, sans même vérifier le bien-fondé de la demande. Trois jours plus tard le chantier était terminé : d’un côté du chemin, un recépage drastique : tous les arbres et arbustes ont été taillés à maximum 1 mètre du sol. De l’autre côté, tout a été rasé à blanc.

Au-delà d’une complète désolation des naturalistes et des promeneurs,  il n’est quand même pas inutile de remettre les points sur les i :

  • La haie litigieuse figurait dans la liste des arbres et haies remarquables que la Région wallonne a transmis au Collège communal fin 2018 pour lui demander si des corrections devaient être apportées à cette liste. Et vous n’en avez pas demandé pour cette haie…
  • Le Codt (art. R.IV.4-10. §1er) exige un permis d’urbanisme pour tous travaux modifiant l’aspect des arbres, arbustes ou haies remarquables, et en particulier : 9° pour le recépage de haie ou d’arbustes.
  • Le recépage et l’abattage auxquels il a été procédé aux chemins 17 & 36 constituent donc une infraction pénale susceptible de peines d’emprisonnement et d’amendes.
  • Un examen attentif à la signature de la demande de blocage du chemin aurait permis de détecter l’erreur initiale commise par les services administratifs. En lieu et place, l’autorité communale s’est rendue complice voire co-auteur d’une infraction pénale.
  1. Michel Tricot

Ma collègue a parlé de la haie du Val d’Eugène et de celle qui bordait le chemin n°17. Jamais deux sans trois, je vais pour ma part vous interpeller sur le grand talus arboré qui borde la rue du Cerisier sur environ 400 mètres, entre le carrefour avec la ruelle Botte et celui avec le clos de Renonsart. C’est un élément du réseau écologique communal qui a, lui aussi, fait l’objet ces derniers jours d’un traitement assez radical, puisque dans la partie qui a déjà été traitée, tous les arbres parfois de plusieurs dizaines de mètres de haut ont été abattus et le talus proprement nettoyé. Je vous ai interrogé par écrit à ce propos la semaine dernière pour savoir si cette intervention avait fait l’objet d’un permis et, le cas échéant, si un rapport d’expert avait mis en évidence un danger quelconque qui aurait imposé d’abattre tous ces arbres. Je vous demandais aussi si l’intervention s’était bien déroulée uniquement sur des parcelles privées et non, comme j’en avais l’impression, en partie sur le domaine public. Je n’ai pas reçu de réponse. Je vous pose donc la question ce soir…

  1. Xavier Marichal

Par delà la gestion des dossiers évoqués par mes deux collègues, je voudrais revenir quelques instants sur la vision de la commune en termes de préservation de la biodiversité. En effet, d’aucuns aiment à le rappeler , vous plantez des arbres… très bien.

Mais cela ne suffit assurément pas si on  fait disparaître en même temps des arbres plus anciens. La balance est fortement négative car un arbre ou une haie ancienne abrite nettement plus de biodiversité dans l’écosystème qui s’est constitué autour de lui que de jeunes pousses. De même en capture de CO2, les dernières recherches démontrent que les arbres et arbustes âgés en capturent plus que les plus jeunes: cela se comprend aisément intuitivement: le carbone du CO2 est stocké dans les fibres ligneuses de l’arbre, créant chaque année un nouvel anneau en circonférence du tronc: un vieil arbre crée de grands anneaux chaque année.

En termes de “maillage écologique”, planter, planter, planter  sans préserver ce qui existe déjà et a mis souvent des décennies à grandir est probablement voué à l’échec.

Cet exemple entre deux attitudes complètement contradictoires de vos politiques en la matière, les sentiers 17 et 36 en offrent aujourd’hui un exemple flagrant: en remontant de la Rue de la Chapelle Cléricy, le promeneur passe d’abord dans un sentier ancien entièrement abattu puisque l’arrêté de police a de facto autorisé l’opération… et 200m plus loin, on peut admirer des panneaux tout neufs vantant les mérites d’une commune qui plante sans compter..

A noter à cet égard que ces panneaux, qu’on retrouve à de nombreux endroits de la commune, oublient systématiquement de  mentionner que ces plantations sont rendues possibles grâce à des subsides de la RW ou de la Province ainsi que  l’aide des citoyens. De l’art de s’accaparer les bénéfices ?

Serait-ce dès lors trop demander que l’échevin de l’environnement veille dorénavant à

  1. remercier toutes les parties impliquées, à commencer par les citoyennes et citoyens? Car elles et eux veillent aux deux aspects: ils viennent aider à planter mais se soucient également de voir ce qui se passe sur les plantations existantes ;
  1. établir rapidement un plan de formation de l’ensemble du personnel communal, du service environnement au service travaux, en passant par celui de l’urbanisme, afin que de telles mésaventures ne se produisent plus ?

Un adage populaire dit “Une fois c’est une erreur, deux fois une malheureuse coïncidence, mais trois fois, là, ça devient une mauvaise habitude”

Nous vous serions gré de corriger cette mauvaise habitude.