Attendue depuis 6 mois car le code wallon demande que cette évaluation ait lieu à mi-mandat (i.e. décembre 2021), la majorité soumettait enfin au conseil communal son évaluation intermédiaire du plan stratégique transversal (PST). L’occasion pour Ecolo d’également se prononcer sur la gestion communale par le Collège.

PST: de quoi s’agit-il ?

Le PST est une démarche de gouvernance locale, qui a été décidée par la Région wallonne. C’est un document stratégique qui aide les communes à mieux programmer leurs politiques communales en développant une culture de la planification et de l’évaluation. Et il est transversal car censé couvrir tous les domaines gérés par la commune.

Cet article de l’Union des Villes et Communes de Wallonie (UVCW) vous décrira plus longuement le principe.

Voici donc un lien vers le PST initial de la commune (également remis en retard, en septembre 2019) et le lien (à venir) vers l’évaluation faite par le Collège.

Ce qui avance

Soulignons d’abord quelques réalisations en cours ou accomplies dans cette première moitié de mandat et que nous appuyons

  • La signature de la convention des Maires qui vise donc une réduction de 55% des gaz à effet de serre d’ici 2030 ;
  • Le travail de la commission locale de développement rural qui, avec le soutien efficace de la Fondation rurale de Wallonie arrive doucement à l’élaboration d’un plan d’actions étalé sur les 10 années à venir;
  • Le soutien aux commerçants en particulier en période Covid ;
  • Les nouvelles règles d’inscription à la crèche qui sont plus transparentes ;
  • Les plantations bien nécessaires pour offrir à notre territoire de la résilience par rapport au réchauffement climatique ;
  • L’amélioration de certaines infrastructures sportives et l’encouragement à la pratique de la course à pied
  • La prime communale aux vélos électriques
  • Le recours aux centrales d’achat
  • La nouvelle politique de communication via le bulletin communal coloré ou l’application Court en poche
  • Le maintien du suivi bienveillant de notre enseignement communal
  • La gestion contrôlée des finances et la transparence des explications lors des conseils communaux

Une auto-satisfaction démesurée ?

Sans rien ôter du mérite des points précédents, nous ne pouvons nous empêcher de trouver que la majorité pousse le bouchon de l’auto-satisfaction parfois -souvent- un peu loin. Juste quelques exemples :

  • développer la politique culturelle en collaboration avec le CCBW : pour la majorité, c’est réalisé ! Pour notre part, il reste du chemin à parcourir : Court-Saint-Etienne consacre 29€/hab pour la culture, alors qu’en Région wallonne, en moyenne, les communes dépensent 91€/hab. Trois fois plus…
  • Lutter contre l’isolement des aînés. Pour la majorité, c’est réalisé ! Pour notre part, sachant qu’à Court il y a environ 500 personnes de plus de 65 ans qui vivent seules, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques activités organisées chaque année.
  • Favoriser le maintien à domicile des personnes âgées par une offre de services adaptée et accessible. Pour la majorité, c’est réalisé ! De notre coté, nous constatons que le nombre d’heures prestées par les aides ménagères du CPAS est passé de 2200 h en 2019 à 950 h en 2021…

De la même manière, la majorité considère aussi un peu facilement à nos yeux que toutes une série d’actions qui, dans le PST de 2019, devaient être initiées, sont maintenant « en cours de réalisation » : la nouvelle salle de gym, la rénovation du hall sportif du Collège St-Etienne, l’aménagement de terrains de Padel, le transfert de La Chaloupe vers ses nouveaux locaux, l’actualisation du PCM, l’élaboration d’un schéma de développement communal, l’aménagement cyclable du S103, la rénovation de la salle communale de La Roche. Pour nous, tout cela reste bel et bien des chantiers ou des projets qui n’ont pas encore vraiment débuté et qui restent à réaliser… 

Finalement, deux points spécifiques nous interpellent :

  • L’élaboration d’un « Plan Communal de Développement de la Nature  » (PCDN) prévue dans le PST de 2019 est une action “à adapter”. C’est en fait une action que la majorité a clairement abandonnée : il n’y aura pas de PCDN. Nous regrettons cet abandon, mais il nous semblerait plus correct de l’indiquer comme tel dans l’évaluation.
  • La mise en place d’un affichage digital d’information à différents endroits de la commune est également annoncée comme « à adapter ». En ce qui nous concerne, quand on voit la nuisance visuelle et l’impact énergétique de ce genre de panneaux d’affichage, c’est par contre bien une action que nous suggérons d’abandonner purement et simplement.

Propositions d’Ecolo

Puisque l’évaluation intermédiaire permet de rajouter des actions (ce que la majorité a fait, cf. point suivant), nous proposons des actions à initier et qui nous semblent indispensables à la réalisation des objectifs opérationnels de la commune.

Dans le cadre de l’objectif 6 de préservation du cadre naturel, la majorité annonce “Continuer à lutter contre l’érosion des sols et les inondations avec toutes le parties concernées”. Nous avons demandé d’inscrire le projet d’utiliser le subside de Céline Tellier d’un montant de 95 000€ pour réduire les phénomènes de ruissellement dans le micro-bassin de la Marache et dont les débordements à répétition inquiètent les riverains ou encore pour l’achat d’une zone humide SGIB  pour renforcer la ZIT (Zone d’Immersion Temporaire) de la Thyle.

Sans surprise, nous sommes particulièrement inquiets des suites à donner en vue d’opérationnaliser la  convention des Maires (plan pour le climat), qui ne pourra être crédible que si elle se traduit en actions concrètes dans des délais rapprochés. Dans le cadre de l’objectif opérationnel 8 – Agir contre le réchauffement climatique – la plupart des projets sont à initier et ne sont que des gouttes d’eau face à l’ampleur de la tâche. C’est pourquoi, nous avons demandé d’inscrire au PST la mise sur pied en 2022 des deux groupes de travail prévus dans le « Plan d’Action en faveur de l’Energie Durable et du Climat » (PAEDC) : un groupe de travail « mobilité » et une plateforme d’accompagnement à la rénovation énergétique.

En lien direct avec ce dernier point, et sans attendre la mise sur pied des outils susmentionnés, nous pensons urgent de développer un projet d’éolienne à l’instar de ce qui se passe à Genappe. La Commission européenne s’inquiète du retard que prend la Belgique dans le domaine des énergies renouvelables (« Compte tenu du niveau actuel de consommation d’énergie et de la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique, il existe un écart important par rapport à l’objectif actuel en matière d’énergie renouvelable à l’horizon 2030 et aux besoins prévus pour parvenir à l’objectif de neutralité climatique d’ici à 2050. »).  Seule une volonté politique affirmée permettra d’avancer dans le sens d’une véritable réduction des GES et nous proposons d’entreprendre un tel projet sans tarder, en l’inscrivant dans le PST.

Et enfin, le conseil communal à l’unanimité a voté la mise en route d’une étude visant à végétaliser la place Baudouin 1er. Nous ne retrouvons pas ce projet dans l’évaluation. et souhaiterions qu’il y soit inscrit.

Une grand absente: la stratégie

Pour conclure, nous nous ’interrogeons néanmoins sur la vision de la majorité de l’utilité de l’outil qu’est le PST. Il s’agit d’un outil stratégique qui « vise à la définition d’objectifs stratégiques déclinés en objectifs opérationnels et en actions (…), avec une une priorisation des objectifs et/ou des actions”, et le fait que “la démarche est accompagnée d’indicateurs”. 

Or nous ne retrouvons rien de tout cela dans le document d’évaluation du Collège : pas un seul indicateur, pas une seule explication sur les éléments de cadrage auxquels on pourrait s’attendre en marge de chaque action. Pourtant c’est cela que le décret et l’Union des Villes et Communes de Wallonie proposent d’évaluer et d’ajuster à mi-mandat: l’objectif, les ressources, et le calendrier. 

A la place, nous avons reçu un document d’auto-satisfaction clairement affirmée, et une évaluation quantitative qui se veut ronflante. Avec surtout l’augmentation clamée du nombre d’actions, passant de 76 à 115.  Or, rien de neuf dans ces nouvelles actions: des 39 nouvelles actions annoncées, 23 sont considérées déjà « réalisées » et 16 comme “en cours”. Où est donc passé l’esprit stratégique de l’exercice?  Où est la vision pour l’avenir de la commune ? A lire la majorité, “tout roule” et, à l’exception de 2 projets à adapter et 10 à démarrer,  il n’y a plus qu’à terminer ce qui est déjà en cours.

Prenons en exemple une action au hasard, “Rendre les cheminements cyclo-piétons confortables et sécurisés”. La majorité annoncez tranquillement que c’est “réalisé / permanent”. Vraiment ? Les piétons et les cyclistes apprécieront. L’enquête menée récemment par le GRACQ dans les communes wallonnes a mis en évidence qu’à CSE, 74% des cyclistes se sentent en danger et 70% trouvent les itinéraires cyclables inconfortables…
Si nous comprenons l’état d’esprit – le « permanent » est une manière de dire qu’il s’agit là d’un travail continu qui progresse d’année en année – ne serait-ce pas plus utile et lisible d’annoncer quel trottoir va être amélioré, rendu plus confortable et quand ? Et de décliner cela en de véritables actions “SMART”, spécifiques, mesurables (par le biais d’un indicateur tel que le nombre de centaines de mètre de trottoir rénovés chaque année) et délimitées dans le temps ?

Nous ne retrouvons rien de cela dans le document d’évaluation de la majorité : pas le moindre indicateur, pas la moindre échéance ! Il reste l’impression que la commune est passée à côté de l’utilité intrinsèque d’un PST,  nous craignons que  l’administration stéphanoise n’en retire pas les bénéfices escomptés en termes de planification et d’organisation.

On se croirait face au serpent Kaa du livre de la Jungle qui tente de nous hypnotiser avec ses grands yeux en nous chantant “Aie confiance”. Et bien, sur le coup, nous sommes déçus, et cela ne nous donne pas confiance pour la suite… avec ce désagréable sentiment que notre commune est gérée « à la petite semaine ».